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Spécimen de Lépidoptère de 1927 couvert de cristaux de naphtaline. La naphtaline se sublime dans la boite, puis se recristallise sur certains spécimens.

Epingles en acier rouillée et le résultat : une oxydation jolie mais destructrice.

Décembre 2023

Trucs et astuces pour vérifier que sa collection va bien !

Absents du terrain pour beaucoup d’en nous, travaillons sur l’état sanitaire de notre collection !

Comme vous l’aurez constaté, j’ai moins de temps pour rédiger cette belle newsletter, car beaucoup plus de travail, ce qui est une bonne chose pour moi, moins pour la newsletter, et je vous en fait toutes mes excuses ! Elle passera aujourd’hui 1 fois tous les deux mois le temps de me stabiliser.

Je travaille actuellement en constat d’état sur une grosse collection tant en volume qu’en importance, et je me suis dis que ce serait bien de vous partager mes trucs et astuces pour vérifier que votre collection va bien.

  1. Vérifier l’absence d’infestation entomologique. Impossible de passer à côté d’une infestation d’ampleur d’anthrène, mais les psoques ? Et bien c’est beaucoup plus discret, ça fuit la lumière, et les dégâts sont plus discrets… Alors à la moindre poussière tombée, au moindre insecte qui tourne subitement sur lui-même, on congèle en deux fois (toujours) en protégeant dans des sacs, et si besoin, un peu de thymol pour tuer les psoques. Attention le thymol est un produit dangereux, protégez vous.
  2. Vérifiez l’étanchéité des boites. Et oui, elles sont le seul et unique rempart contre la poussière, les recycleurs, tout. Donc la qualité est importante et en cas de doute, vous pouvez les mettre en sachet ZIP. Je sais c’est moche.
  3. vérifier le bon état des épingles. Oui, je sais je vous saoule avec mes épingles, mais si vous constatiez comme moi les dégâts qu’elle peuvent faire, vous seriez plus vigilants. Oui, je sais que vous n’êtes pas vigilants là dessus, je le SAIS 🙂 Donc, on utilise QUE des épingles « Stainless Steel », soit en inox. C,’est moins joli, mais c’est durable ! Et si vous avez déjà d’autres épingles, surveillez qu’à l’intersection entre l’insecte au dessus ET EN DESSOUS, il n’y ait pas une épaisseur qui apparaisse, un gonflement, ou un peu de vert. Sinon, on change l’épingle.
  4. les conservateurs que vous utilisez ont un impact direct sur vos spécimens. Si vous avez encore de la naphtaline, enlevez la avant qu’elle ne s’évapore et vienne se re-cristaliser sur les spécimens. Sauf si vous aimez l’effet « diamant » sur vos spécimens.
  5. On surveille aussi les petits points blancs ou noirs qui peuvent apparaitre, celà peut être de la moisissure, on traite à l’alcool à 70°.

Il me reste à vous souhaiter une excellente fin d’année 2023, et de vous dire à 2024 !

Bien entendu, si vous avez des questions, n’hésitez pas à me contacter, et mes fiches sur la conservation des collections et autres conseils, c’est toujours par là.

Spécimen de Lépidoptère de 1927 couvert de cristaux de naphtaline. La naphtaline se sublime dans la boite, puis se recristallise sur certains spécimens.

Fiole dite Sauvinet (c’est Mr Sauvinet qui l’a déposée). Il suffit de verser du liquide dedans pour qu’il ne se renverse jamais. Pratique, non? Mais inlavable aussi…et réceptacle blanc « modèle déposé » aussi. Peut-être pour y déposer du coton imbibé?

Petit tube en verre contenant du coton anciennement imbibé.

Octobre 2023

Les conservateurs historiques en entomologie

10 substances dangereuses autrefois utilisées en entomologie pour éloigner les insectes ravageurs.

Attention, tous les produits ici cités sont interdits et surtout dangereux. Ne les utilisez plus ! Il ne s’agit pas non plus d’une liste exhaustive.

Vous commencez à me connaître, j’aime les vieilles collections et tous les mystères de préparation et de conservation qu’elles conservent. La conservation des collections d’insectes concerne de nombreux biocides utilisés dans le but d’éloigner les insectes ravageurs. Il est important de les connaître car ils peuvent être dangereux pour l’humain et avoir  ou avoir eu un impact sur la conservation des collections et l’état des spécimens. 

On commence par la naphtaline qui sera utilisée dans les collections d’entomologie à partir de 1880. C’est une substance qui se volatilise lentement. Elle est souvent déposée dans la boîte : soit directement en poudre, soit emballée dans un petit sac ou un petit linge, et calée dans le coin de la boîte. Outre le fait que certains entomologistes remettent en question son efficacité sur les Dermestidae, la naphtaline recristallise dans les boites sur les vitres et les insectes, et ce n’est pas joli du tout à voir… La naphtaline est considérée aujourd’hui comme cancérigène, fiche de sécurité de l’INRS https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_204

Dans le même style, le paradicholorobenzène. Présent sous forme de boules ou pastilles, depuis 1913, il se sublime à température ambiante. Ces boules ou pastilles sont bloquées dans un morceau de tissu, ou bloqués entre deux ou trois aiguilles. 

Essence de mirbane, quel joli nom ! Ou autrement appelé Nitrobenzène, horreur et désespoir, quel vilain mot ! Utilisée depuis longtemps en entomologie, elle est tout aussi toxique que le reste… Adorée des entomologistes début XXe, et versée dans les jolies fioles Sauvinet, elle est maintenant partiellement bannie des collectionneurs privés. Particulièrement parce qu’elle a la réputation de jaunir les Lépidoptères.

https://www.inrs.fr/publications/bdd/doc/solvant.html?refINRS=SOLVANT_98-95-3  

La créosote de hêtre. Attention, le nom de créosote peut évoquer différentes substances. La créosote utilisée en entomologie est un composé extrait de la résine des feuilles de hêtres. Il ne faut donc pas confondre la créosote de hêtre (woodcreosote, beechwood creosote) obtenue par extraction et la créosote de houille (coal tar creosote), dérivée du pétrole, obtenue par combustion et utilisé sur les traverses de chemin de fer par exemple. Elle est notée dans l’ouvrage de Culot, Guide du Lépidoptériste publié en 1916 : « Ici je recommande expressément de n’employer que la créosote de hêtre et de ne se laisser en aucun façon tenter par le prix beaucoup moins élevé de la créosote houille. La créosote de houille altère les couleurs des papillons. » . Elle était versée aussi dans des fioles Sauvinet. La créosote de hêtre étant composée principalement de composés phénolique, elle est considérée comme cancérigène. https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_15

L’essence de serpolet est utilisée aussi à titre préventif. Le serpolet, Thymus serpyllum L.  est un voisin botanique du thym consommable. Il est toujours utilisé sous différentes formes en aromathérapie. On retrouve son utilisation dans la conservation des collections, par exemple dans « l’amateur d’insectes » de Montillot (1890). De nombreux auteurs cependant notent son inefficacité. Il en est de même pour la lavande qui est jugée inefficace. 

L’acide phénique est utilisé sur un coton dans le coin de la boîte. Certains auteurs ont une recette permettant de limiter les moisissures : un gramme d’acide phénique et quinze gramme d’éther ou d alcool rectifié. Coupin (1895) considère qu’il s’agit d’un produit très efficace,  bien qu’il tâche le papier. Il est comme la créosote composés de composés phénoliques, cancérigènes https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_15

Le produit peut aussi être intégré directement à la boîte : le blanc de Céruse (carbonate de plomb) en pâte préparée à l’huile et délayé avec de l’essence de térébenthine assez pour qu’il soit coulant, et peut être peint à l’intérieur des boîtes. Un papier blanc le recouvre (Depuiset, 1884). Ils y ajoutent parfois… de l’arsenic et du camphre. Huuuummm… attention donc aux boites peintes en blanc !

Lindane. Encore un joli nom qui cache de bien mauvais effets sur notre santé! Utilisé depuis 1912, le lindane peut se présenter de différentes façons: soit il a été déposé sous forme de cristaux dans le fond des boites, ou de poudre. Soit il a été badigeonné  sur les parois des boites. Quoiqu’il en soit, si vous voyez des traces de produit au pinceau dans une boite : on ne touche pas ! Et si vous observez une poudre dans le fond d’une vieille boite, ne l’ouvrez pas, regardez au travers de la vitre, ou faites comme moi, mettez un masque adapté sur le nez. Fiche toxique ici.

https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_81

Pour terminer, citons un préservatif dont nous ne connaissons rien, mais annoncé dans l’Histoire Naturelle de Lépidoptères et Lucas (non daté). Il s’agit du préservatif Lefèbvre, vendu à l’époque Quai Malaquai n°19 à Paris. Si quelqu’un à une piste, je suis preneuse…

 Pour conclure, nous dirons que le traitement des boîtes contre les insectes ravageurs dans un but préventif peut être effectué par diffusion d’une substance qui s’évapore. Elles sont généralement contenues dans des boîtes en carton, fioles en verre ou récipients en zinc, ou plus simplement appliquées sur un coton ou une éponge piqué dans le coin de la boîte entomologique. Le traitement peut aussi faire partie de la boîte, avec une peinture au blanc de céruse qui éloigne les ravageurs.

L’utilisation de tels biocides peut avoir endommagé une partie du matériel visible, comme une partie des couleurs, et avoir dégradé une partie des informations génétiques. D’autres recherches sont nécessaires afin de définir si oui ou non ces substances dégradent l’ADN.

Septembre  2023

Pourquoi créer une collection d’insectes ? 

Bah oui, pourquoi ? Outre les scientifiques (amateurs ou professionnels, là n’est pas la question!), cet été 2023, rempli d’animations sur les insectes, nombreuses sont les personnes qui me demandent comment conserver un insecte que l’on trouve mort ? Un bourdon, un longicorne, un lucane… Evidemment, on ne touche pas aux espèces protégées, même mortes (coucou la Loi Française !)

Ceci dit, je trouve intéressant que les familles, les grands et les petits ramassent des spécimens morts pour les conserver. Certes, ne partons pas à tuer des insectes quand il ne s’agit pas de recherche scientifique, mais toucher, regarder sous toutes les coutures permet de s’approprier un peu le spécimens. Et s’approprier, c’est s’intéresser, regarder, se poser des questions, chercher, comprendre. Et ça, ça m’intéresse. Beaucoup.

Parce qu’un enfant qui se penche sur un insecte, le met dans une boîte et le regarde, c’est un futur adulte qui saura observer et respecter la nature.

Je vais un peu vite ? Pas tant que ça, si la démarche est bien faite et continue un peu sur l’adolescence, c’est gagné. Ceux-là ne raseront pas des prairies pour y mettre des centres commerciaux.

Pour débuter, il est bienvenu de se procurer un livre sur les insectes. Car encore une fois, l’idée ce n’est pas de devenir spécialiste ! D’ailleurs cette question me tracasse  depuis un moment : depuis quand découvrir les insectes est devenu un truc compliqué ? Oui, devenir spécialiste c’est du travail, mais apprendre à reconnaître les principaux papillons de jour c’est à la portée de toutes et tous.

Rayons la fameuse image d’Epinal du vieil entomologiste médecin au XIXe siècle, famille aisée issue du châtelain du coin, accompagné de son jeune naturaliste lui tenant ses affaires. (merci à eux, ils ont laissé de magnifiques collections).

Mais ayons plutôt en tête les histoires des plus âgés nous racontant que quand ils étaient petits, ils piquaient les papillons sur des bouchons. Pourquoi nos chères petites têtes blondes ne piquent-elles plus de papillons sur des bouchons ? (parce qu’il n’y a plus de papillons, ou qu’il ne faut pas les tuer, ok… mais ce n’est pas ça qui les arrête, soyons honnêtes.)

Alors on ramasse ce qu’on trouve mort, on identifie comme on peut, on met dans des boîtes à l’abri des insectes ravageurs et au sec à l’abri des moisissures. ça peut même être un super cadeau de Noël pour les petits (et les grands !) : une petite boite de chasse, une petite boite de collection, quelques épingles, un filet, et vous ferez des heureux (beaucoup de revendeurs, mais mon collègue Entomosilex saura vous conseiller) 

Quelques exemples de livres à avoir chez soi, pour TOUT le monde, j’insiste !

– Insectes de France et d’Europe occidentale Mickael Chinery (d’occasion, plus édité)

– Les petites bêtes aux éditions de la Salamandre

– Tous les livres de François Lasserre, de l’OPIE

– Toutes les revues du CPN

– La Hulotte

– La Salamandre…

Il y en a d’autres, mais je suis certaine de ceux-là !

Belles découvertes, vous serez émerveillés par le moindre moustiques à la loupe je vous l’assure !

Mai-juin  2023

Un grand pas pour l’homme, un petit saut pour les puces !

On m’a contactée en 2022, pour un inventaire d’une collection de … puces. Nous l’oublions souvent, mais les puces sont bien des insectes, de la Famille des Siphonaptères.

Mr Beaucournu était professeur à l’Université de Rennes 1. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais je peux vous garantir qu’il a passé sa vie à étudier les puces. Vous pouvez retrouver ces articles ici et surtout l’ouvrage de référence, la Faune de France des Siphonaptères !

Et j’ai eu la chance de pouvoir voir tous les documents qui ont servi à cette publication, ainsi que les spécimens, c’est le travail de toute une vie ! (voir 2!)

Mais ça ressemble à quoi une collection de puces ? Les puces sont mises entre lame et lamelle avec du baume du Canada. Elles sont ensuite stockées dans des boites de lames. La collection en compte plus de 250… des boites, pas des lames ! Ce qui fait approximativement 20 000 lames, ou 30 000 données !


 

 

 

 

 

 

 

 

 


L’Université à travers son équipe du service culturel et la responsable des collections muséales et son équipe, ont souhaité rendre accessible au plus grand nombre de scientifiques dans le monde les données de cette collection. Car des collections de puces, ça ne court pas les rues ! Contrairement aux puces. Passons. Je n’ai pas encore recensé toutes ces collections, mais à priori, il devrait exister dans le monde moins de 5 collections comme celle-ci.

Ce travail représente plusieurs mois de récolte des données sur les lames. Travail déjà initié auparavant, heureusement ! 

 

Réjouissons nous donc que ces données soient rendues accessibles, elles seront versées sur des plateformes de données internationales, et merci aux équipes qui portent ces beaux projets de valorisation des collections !

Avril  2023

La conservation restauration des épingles entomologiques

Depuis plusieurs années, je travaille dans la collection Georges Durand. C’est une collection créée fin XIXe siècle par un naturaliste vendéen. Si vous voulez en savoir plus, cliquez ici. Elle appartient au MNHN, est conservée par le conservatoire des musées de Vendée, et soutenue par l’association Georges Durand Beautour.

Cette collection comporte plusieurs milliers d’oiseaux, de planches d’herbiers, une superbe bibliothèque et de nombreuses boites d’insectes. 

J’ai eu la chance de l’inscrire sur la liste des collections d’entomologie en 2020 lors de l’inventaire des collections d’entomologie des Pays de la Loire. 

Depuis, je travaille à la conservation curative, préventive de la collection et sa restauration grâce à l’autorisation de la commission du MNHN. Des interventions normales pour une telle collection: constat d’état général, nettoyage d’infestation, désinfection de moisissures datant des années 1990. Il est maintenant temps de traiter le problème des épingles entomologiques qui… rouillent ?

Les épingles entomologiques sont réputées pour parfois réagir et créer du vert de gris. C’est joli, mais ça casse les spécimens et donc détruit les données scientifiques. Il est donc temps de les changer (tout en conservant si l’on souhaite les vieilles épingles pour le suivi historique de l’objet). Nous avons dans notre sac d’entomologiste des techniques pour sauver ces donnés scientifiques en changeant par exemple l’épingle.

Certes, mais qu’est ce qui garanti que cette nouvelle épingle ne réagira pas comme l’ancienne ? Absolument rien! Parce que je ne sais rien de la composition de l’ancienne épingle, rien de la réaction physico- chimique qui a façonnée le vert de gris et rien de la nouvelle épingle. Mes enquêtes auprès de collègues en Europe, Australie et États Unis n’ont rien donné, mis à part que tout le monde a du vert de gris. Bref, il était temps de lancer des recherches plus approfondies !

J’ai la chance d’avoir des collègues géniaux qui ont des antennes partout, et nous avons pu lancer un projet initié par Actias, et continué tous ensemble avec des spécialistes des métaux et de la conservation des collections.

C’est ainsi qu’à débuté l’aventure avec le CRC (Centre de Recherche sur la Conservation du Museum National d’Histoire naturelle de Paris) avec Oulfa Belhadj, ingénieure d’étude, et Aurélia Azema du LRMH (Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques), Ingénieure de recherche dans l’identification, l’altération et la conservation des métaux.

Les recherches ont bien avancées depuis, et afin de finaliser cette histoire dont nous vous révélerons la fin bientôt, Quentin Thevenet, étudiant en chimie à Sorbonne Université a rejoint l’équipe afin d’identifier et caractériser plus précisément les produits de dégradation des anciennes épingles. 

Si vous avez constaté ce phénomène et avez des échantillons ou des photos, je suis preneuse de ces précieuses informations ! De même, si vous avez des épingles neuves avec leur emballage d’origine, ou des informations sur la fabrication des épingles, nous sommes aussi preneurs ! 

Mars 2023

« Je croyais que tu voulais travailler dans l’environnement ? »

Ou comment la conservation et valorisation des collections sont au service de la compréhension et de la préservation de la nature.

Le museum d’Angers possède plus de 1000 boites d’insectes, dont la fameuse collection Abot. Ces collections, je les connais depuis 2016, depuis l’ouverture d’Actias, puisque le Muséum d’Angers a été mon premier client ! J’ai étudié leur histoire, leurs histoires, je les ai rangées, classées, inventoriées. Bref, tous les ans, je leur rend visite, classe une petite nouvelle ou nettoie ou inventorie une partie.

Grâce au travail d’Actias et surtout à l’efficacité de l’équipe en place, toutes les boites sont maintenant photographiées et inventoriées avec les familles d’insectes.

C’est ainsi que Gaëlle employée au Museum a rapidement pu renseigner Thomas de l’équipe du Gretia (GRoupe d’ETude des Invertébrés Armoricains) sur la présence de certains orthoptères dans les collections. Après plusieurs échanges, il a été mis en évidence la présence de plusieurs individus de Psophus stridulus (l’Œdipode stridulante) prélevé par J. Hervé-Bazin et provenant du Morbihan. L’espèce, disparue de Bretagne et de la plupart des plaines françaises de nos jours, n’était signalée que dans un entrefilet publié par l’observateur en 1910 dans la revue « La Feuille des Jeunes Naturalistes », sur la base d’une observation de septembre 1909. Cette « découverte » a permis de confirmer l’identification de l’espèce mais également de rajouter une nouvelle donnéed’observation en septembre 1910.

Cette découverte, j’en suis plus qu’heureuse car si elle peut paraître anecdotique, c’est le travail de valorisation des collections qui en est à l’origine. En voyant cette information sur un Atlas de répartition des espèces, il est indispensable aujourd’hui de comprendre tout le travail et l’investissement des différents acteurs. On me demande souvent pourquoi nous conservons des insectes morts dans nos musées, et surtout en quoi cela a un lien avec la préservation de la diversité biologique. Si l’on sait aujourd’hui que l’espèce X a existé sur le territoire breton et n’est plus présente à priori aujourd’hui, on peut en tirer certaines conclusions écologiques, et c’est grâce à différents acteurs et beaucoup de travail de conservation, de valorisation, de communication et de mise en lien des équipes de travail. Sans oublier l’argent public dépensé pour ces différents travaux ! Ce lien entre associations et muséums est indispensable aujourd’hui, et je suis plus que fière d’y jouer un rôle ! Merci à Thomas Cherpitel pour les informations biologiques de cet article.

Décembre 2022

Avenir de la documentation en entomologie : créer un lieu d’échanges.

Vous savez ce qui me prend le plus de place dans mon petit laboratoire ? La documentation. 

Certes passionnée par les livres, il m’est impossible de laisser partir à la poubelle des revues spécialisées en entomologie. Elles sont souvent issues de dons, qui vont avec les collections. Normalement, l’idéal, c’est que la documentation reste avec la collection. Si je maintiens toujours le lien entre collection et recherches personnelles du collectionneur, les revues et livres sont eux, souvent dissociés du reste : le musée, l’université les a déjà ou ne souhaite pas les récupérer. 

Alors qu’en faire ? 

Revues numérisées disponibles en ligne. 

Bon, celles-ci, je me demande quand même leur intérêt sous format papier. Je pense notamment aux bulletins de la Société Entomologique de France : disponibles en ligne sur le site de la BNF et de la SEF, ai-je vraiment besoin de la conserver ? Quelqu’un aurait-il besoin de les conserver sous format papier ? (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34349290s/date)

Ouvrages ou revues très localisées.

On trouve certaines revues avec des articles sur des espèces particulières, rares ou dont le collectionneur était spécialiste dans les bibliothèques. Par exemple, Mr Freney, spécialiste des Carabes, avait dans sa bibliothèque Occurence of Carabids Coleoptera, Carabeidae, in the ruban greenery of Warsaw. Que faire de cet ouvrage ? Je suis bien loin de Varsovie ! J’avoue avoir mon réseau d’entomologistes preneurs, mais que se passe-il si je n’ai pas de spécialiste intéressé sous la main ? Je stocke. 

 

Ouvrages généralistes

Les numéros de Grassé par exemple, sont des ouvrages certes anciens, mais qui sont tellement spécialisés que leur valeur scientifique est toujours (plus ou moins ) correcte. De plus, la belle édition en font des ouvrages qui ont une valeur pécuniaire.

Mais par exemple Une classification du genre Carabus des années 1990, est un ouvrage scientifique très intéressant, toujours valable. Mais dont les principales personnes à qui ils sont destinés ne sont plus concernés ou préfèrent prendre des ouvrages plus récents ou encore des publications scientifiques. Que faire donc de ces livres ? Je stocke.

Ouvrages très spécialisés

Dommage de ne pas avoir parfois la liste des spécialistes sous la main, histoire de savoir si ils veulent récupérer certains ouvrages. Car un livre comme key and catalogue of the Tribe  Clivini from the oriental Realm intéresse certainement quelqu’un… mais qui ? Alors je stocke !

Pour un lieu d’échange !

L’idée m’est venue à force de récupération de stockage et de questions : pourquoi ne pas créer un lieu virtuel où entomologistes, passionnés pourraient échanger, vendre, mettre à disposition des ouvrages récents et anciens, des revues concernant les insectes ? Projet parmi les projets, je serai preneuse d’idées, de compétences et de savoir-faire informatique ou autre pour mettre en place ce projet !

Octobre 2022

Données entomologiques : je garde ou je jette ?

Parce que souvent, on me demande “pourquoi fichtre donc tu t’évertues à conserver des insectes morts dans un musée ?” (question grand public). Ou bien “mais que vais-je faire de ces 346 boîtes d’insectes qui vont me prendre une place de dingue dans mes réserves muséales ?” (question responsable de musée). 

Oui, pourquoi ?

*Une donnée scientifique telle qu’entendue ici, c’est à minima le spécimen, les informations de date et de lieu de collecte*

Tout d’abord, considérons que l’intérêt de conserver une collection, c’est surtout (mais pas que, voir l’article du mois précédent) de conserver des données scientifiques. Quid ? Les données scientifiques sont des informations sur la présence d’une espèce à un moment donné, en un lieu donné. Une donnée, pour être valable, doit être vérifiable. Tout comme en science, on considère une expérience et son résultat, valables si l’expérience est renouvelable (xxxx). Tout le monde, ou presque, est censé, avec la même expérience pouvoir aboutir aux mêmes conclusions. Par exemple, Newton et sa pomme. Si je lâche un objet, il tombe par terre. Il a été plus loin avec la théorie sur la gravitation universelle. Mais tout le monde peut lâcher un objet et le voir tomber par terre. L’expérience est vérifiable. Vous avez accès à sa théorie librement (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k29037w/f52.item)  et pouvez la remettre en question quand vous le voulez. En justifiant, bien entendu. (Bon courage !)

Ensuite, en entomologie, certains spécimens ont été déterminés au XIXe siècle et sont conservés dans nos chers musées. Sauf qu’au XIXe, nous n’avions clairement pas les mêmes moyens techniques d’observation de l’ADN, ni même les mêmes recherches sur la taxonomie anatomique. La plupart des spécimens ont changé de nom, ou sont mal identifiés avec nos moyens de 2022. Mais, comme nous avons les spécimens, nous pouvons revenir sur ces données scientifiques. La donnée est vérifiable. Et si en 2060 nous avons encore d’autres moyens, nous pourrons toujours modifier les informations et reprendre nos recherches. La recherche scientifique est toujours en mouvement !

Donc, un insecte dans une collection, est une donnée scientifique qui argumente notre science ACTUELLE sur la recherche sur le vivant, sa répartition, sa diversité, son évolution, etc. C’est une preuve de ce que nous pouvons avancer sur le climat, le déclin de la diversité biologique. Et nous allons en avoir cruellement besoin.

Un insecte sans information de lieu ni de date de collecte, c’est très joli, mais ça ne sert à rien en recherche. Déco, vulgarisation, poubelle, à vous de choisir !

Le mois prochain, nous parlerons documentation entomologique ! A bientôt !

Septembre 2022

C’est la rentrée, on range !

C’est la rentrée ! Il paraît que nous avons tous envie de trier, ranger, organiser afin que l’année qui s’annonce se déroule le mieux possible! Donc, la collection d’insectes ne doit pas déroger à la règle… 

Que vous soyez collectionneur (et donc quelque part un peu compilateur), ou bien responsable de collections publiques (issues de collectionneurs plus ou moins compilateurs…) un petit point sur ce qui fait science, ou ce qui fait histoire.

Vous avez une date et un lieu de collecte minimum.

Un insecte possédant au minimum des données sur le lieu de collecte avec le lieu-dit, et la date est toujours bon à garder, car il représente une donnée scientifique vérifiable qui pourra être utilisée pour toute recherche ou  publication.  Avant 1950, et en remontant dans le temps, soyez indulgents quant à la précision de la localisation ou de la date : les données sont plus rares, et même imprécises, elles constituent un socle important d’informations.

Vous n’avez que la date ? Que le lieu de collecte ?

Si ce n’est pas votre collection, ou que vous n’avez pas chassé cet insecte, renseignez-vous s’il n’existe pas un catalogue de la collection répertoriant les informations manquantes dans la boite, il est peut être possible de récupérer une donnée ! L’insecte possède parfois un numéro qui fait référence à un catalogue.

Avant 1930, si la collection est en excellent état, j’opterais pour une réflexion plus approfondie. Par exemple, s’agit-il d’une donnée uniquement scientifique ? L’insecte, la boite d’origine, les étiquettes, les encres et l’écriture représentent une source de données historiques. La question théorique encore non tranchée est la suivante : à partir de quand considère-t-on que les objets ne sont plus de notre époque mais sont révélateurs d’informations sociétales ou techniques du passé ? 

Si la collection est en mauvais état, comme c’est le cas actuellement pour une collection que je traite dans un musée, la réflexion doit se faire à plusieurs : un spécialiste des collections d’entomologie ayant un regard scientifique et historique et le responsable de la collection. Les deux connaissent les avantages et inconvénients ainsi que les contraintes de conservation ou d’espace. 

Attention donc à ne pas garder des insectes, boites ou collections, inutilement, mais attention aussi à ne pas jeter des informations partielles anciennes, ou juste historiques. Elles peuvent fournir d’autres données qui ne sont pas nécessairement entomologiques mais tout aussi importantes. 

Bon rangement !

 

Juin 2022

Le soin aux collections en été

Comment, vous partez en vacances ? Et vos collections alors ? 🙂

Certes, nous crapahutons dans les prairies, grattons les troncs d’arbres, manions le filets à papillon à merveille pour les entomologistes… ou nous sommes au Musée à retrouver nos esprits de la cadence infernale du reste de l’année.

Mais l’été est une zone à risque pour les collections d’insectes. Si votre réserve n’est pas climatisée… bonne nouvelle, vous êtes presque comme tout le monde ! Alors on veille à ne pas faire varier la température de façon trop importante. Pas de variation journalière de plus de 2°C !

C’est aussi la saison des bestioles qui adorent, au sens gustatif, nos collections. Inutile de tout passer au congélateur en pleine saison, vous pourriez recommencer dans le mois qui suit. Par contre, il est tout à fait possible de planifier une congélation des collections vers le mois d’octobre prochain. Une rotation des boites au congélateur n’est pas indispensable mais recommandée de temps en temps. Pensez à consulter mes recommandations ici.

Vous avez 6000 boites et pas de congélateur ? Pas de soucis, on organise une petite vérification visuelle des boites à la fin de la belle saison, et on ajoute un piège lumineux.

Pour les responsables de collection dans les musées, je suis bien consciente que les collections d’insectes ne sont pas faciles à conserver et que ce ne sont pas les seules dans vos collections. C’est pourquoi l’été, avec le relâchement de la pression c’est le moment de se pencher sur la question !

 

Mai 2022

Le soufflage de chenilles

Bien avant l’invention de la photographie, il était tout de même indispensable de conserver les informations liées aux Lépidoptères, et donc aux différents stades de l’animal. Dont la chenille. Car oui, les collections étaient à l’origine là pour garder un souvenir visuel des animaux. Aujourd’hui, nous savons utiliser ces collections aussi dans un but de vérifiabilité scientifique de la donnée, et d’exploration génétique.

Revenons à nos moutons… heu…nos chenilles.

Je ne me souviens plus de la première fois où j’ai vu une chenille soufflée. Mais je me souviens que c’est une une chose pour moi semi-magique, technique, ancienne, ultra-spécialisée. Essayez de sortir cette discussion à Noël en repas de famille, j’ai testé, ça ne prend pas. Bref, ça me plait beaucoup !

Alors, c’est quoi le soufflage de chenille?

Il s’agit de conserver la chenille, son aspect visuel, sa forme, en collection avec l’adulte, si possible quelques œufs et la plante hôte. Là, c’est le top du top. J’ai retrouvé ce parfait ensemble dans les merveilleuses boîtes de vulgarisation de M. Dominique Fleurent, souffleur de chenille, qui a arrêté son activité en 2021. Il est en train d’écrire un petit manuel pour faire passer son savoir-faire.

J’ai retrouvé des parties intéressantes (oeuf + larve + adulte) dans la collection de George Durand en Vendée (MNHN).

Mr. Durand a formé une collection très intéressante d’insectes de Vendée, mais aussi de l’ouest de la France. On retrouve ses précieux conseils relatés par Guy Colas en 1947 dans un ouvrage sur la préparation des insectes “Ces renseignements (le soufflage de chenille) m’ont été obligeamment communiqués par G. Durand, éminent spécialiste, Correspondant du Museum.” On trouve d’ailleurs dans cet ouvrage d’autres précieuses informations sur le matériel utilisé. Mais revenons sur la technique.

Comment souffle-t-on une chenille?

Une chenille est composée d’un squelette externe et d’organes internes. Pour la conserver, on ne peut pas garder les viscères. Il faut donc la vider en tout premier lieu. Dans mes archives, je retrouve au plus tôt la technique dès 1838, mais on doit trouver plus vieux. Il s’agit du dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle (1838): “vous saisissez la chenille par la tête, vous la pressez un peu et vous répétez deux ou trois fois cette opération afin de faire sortir par la partie anale tout ce qui est contenu dans l’intérieur de son corps”.

Principe suivant, qui reste valable pour toutes les époques, c’est de la souffler “à chaud”. Ainsi, on retrouve Capus en 1879 “on maintient le tube dans le peau, en faisant un noeud avec un fil, ensuite on souffle par l’autre ouverture du tube jusqu’à ce que la peau soit remplie d’air, en même temps on introduit la larve à l’intérieur du vase de tôle (…) la chaleur dégagée par les bords du vase enlève bientôt toute l’humidité de la peau”.

Capus, 1879. Souffleur de chenille.

Enfin, Coupin (1917) précise “On la pique avec une épingle (…) ou on la colle sur une carte. On peut aussi passer à l’intérieur un morceau de paille.”

En 1947, Coupin précise que l’on peut remplacer le brin de paille par un fil de laiton “de grosseur proportionné à l’animal et légèrement plus long fixé par un point de colle à l’anus et piquer une épingle dans la portion qui dépasse”.

Colas, 1947

C’est principalement avec ces spécimens que j’ai parfois quelques problèmes de conservation, le laiton utilisé s’oxydant… Mais on trouve des solutions !

Collection G. Durand, MNHN. Photo A. Donini

La plupart des chenilles sont incolores ou perdent très rapidement leurs couleurs après leur mort. Certains, comme un certain Mr. Goosseur, préparait des peintures spéciales à base d’essence de térébenthine pour redonner un aspect naturel.

En ce qui concerne la conservation, ces chenilles se conservent comme les papillons adultes. Cependant, j’attire votre votre attention sur le métal à l’intérieur qui ne doit pas rouiller. Elles peuvent moisir ou être attaquées tout comme leurs congénères adultes.

Enfin, une petite vidéo réalisée par l’extraordinaire André Lequet et l’excellent Centre Beautour, qui valorise les collections de George Durand.

Avril 2022

Préparation des insectes – les étaloirs –

Les étaloirs sont des objets très courants chez les entomologistes… ou pas ! Et oui, tous les insectes ne nécessitent pas d’être étalés sur un étaloir, ailes écartées !

Etaloir à Coléoptères. Boubée, 1988

Je ne parlerai pas des étaloirs à Coléoptères ici, qui sont de simples planches.

On imagine difficilement un papillon en collection qui ne soit pas bien à plat, les ailes écartées. D’ailleurs, pourquoi n’étale-t-on pas les ailes des punaises, et autres Coléoptères ? Tout simplement parce que les critères d’identification de l’espèce ne sont pas sur les ailes ou que nous les voyons sans déplier les ailes.

Si vous relisez mon article sur Passion Entomologie, vous verrez que les collections dont je parle sont bien des collections scientifiques, elles ont pour but de sauvegarder une donnée, la justification de l’existence d’une espèce, à un moment donné en un lieu donné. On cherche donc quand on monte un insecte pour le faire sécher dans une position bien précise, à présenter des critères d’identification de l’espèce.

Pour certains Hymenoptères ce sont les mandibules, pour certains Coléoptères le nombre d’articles des antennes, pour d’autres, les ailes. 

On utilise donc bien un étaloir pour étaler les insectes pour lesquels nous avons besoin de voir certains critères sur les ailes bien à plat. Les insectes concernés sont globalement les Lépidoptères, les Odonates, Fourmillions, Cigales, Grylloptères, Orthoptères et toutes les espèces dont on veut étaler une aile ou les deux.

Passion entomologie a abordé plus techniquement le sujet mais aussi dans la revue Insectes avec l’OPIE.

Mais on utilise quoi comme étaloir?

Il faut différencier les différents types d’étaloir. Trois critères :

  • Les matériaux

Historiquement, ce sont des étaloirs en bois, recouverts d’un bois tendre comme le balsa, le liège ou parfois le citronnier. Guy Colas parle d’Agave. Si le bois est tendre, on utilise quand même plutôt des épingles à tête de verre plus solides et non des épingles entomologiques dans ces étaloirs.

Etaloir magnétique StefInsect Site internet Insect.org

Aujourd’hui, on voit beaucoup d’étaloirs en plastique, en mousses de plastazote ou autre type. Ces mousses sont beaucoup plus tendres et permettent l’utilisation d’épingles entomologiques, bien que je n’en voie pas l’utilité. Parfois, j’utilise cependant des minuties pour fixer certaines antennes très fines déformées.

J’ai trouvé cette très belle autre idée, avec un étaloir magnétique. En Australie, ils ont aussi tendance à mettre des plaques de verre pour positionner les ailes… de gros spécimens. Chez nous, cette technique est plus compliquée avec nos petits insectes !

 

 

 

 

  • La largeur de l’étaloir et l’inclinaison des cotés

Encore une fois, cela dépend de la taille des insectes. Bien entendu, il faut que l’étaloir soit plus large que les ailes de l’insecte.

En ce qui concerne l’inclinaison des bords, certains entomologistes préfèrent que les ailes soient légèrement remontées, pour des raisons esthétiques, mais aussi parce qu’avec le temps, les ailes ont tendance à descendre un peu. Certains spécialistes m’ont parlé de certaines familles de Lépidoptères dont les ailes réagissent ainsi. Alors que d’autres familles vont, en séchant, avoir les ailes qui remontent. L’étalage est donc affaire d’expérience et de goût en ce qui concerne l’inclinaison des ailes de Lépidoptères.

Etalage des papillons, Guy Colas. Edition Boubée, 1988

  • La largeur de la fente au milieu

Tout dépend de l’insecte à étaler ! Les Lépidoptères a petit corps auront besoin d’une petite fente seulement. 

Certains étaloirs ont la fente du milieu réglable. Ce sont clairement ceux que je préfère car je ne suis pas Lépidoptériste et si j’étale quelques papillons, ils seront de tailles différentes, et je n’ai pas envie de sortir 3 étaloirs différents pour 3 papillons…

Etaloir fente réglable chez Entomosilex

Les étaloirs pour les Lépidoptères ont un seul creux pour glisser le corps du papillon et les pattes, souples pour la plupart.

 

 

J’ai trouvé un guide pour un étaloir pour Hymenoptères et Diptères, dans le bulletin de l’entomofaune de Jean-Marie Perron.  Le corps est plus gros, et les pattes moins souples, il leur faut donc un deuxième creux pour les glisser. 

 

 

 

Ce que je constate sur les réseaux sociaux, et autour de moi, c’est que de nombreux entomologistes fabriquent eux-même leurs étaloirs dans du polystyrène, ou autre matière modelable. Chacun fait bien comme il veut !

Il existe des modèles d’étaloirs disponibles sur tous les bons sites de matériel entomologique, il est aussi possible d’en récupérer auprès des entomologistes chevronnés.

Si vous êtes un musée et que vous récupérez des étaloirs avec une collection, cela peut servir ou bien donnez-les à de jeunes entomologistes 🙂

Mars 2022

Loin des antennes, loin des mandibules

Quelles sont les solutions aujourd’hui pour conserver les collections d’insectes à l’abris sans s’intoxiquer ?

Et oui, pour les non entomologistes (que je salue ici !), les insectes « sentent » avec leurs antennes… Ce qui revient à dire que s’ils ne détectent rien avec leurs antennes, ils ne viendront pas manger vos collections !

Revenons à nos Dermestidae…

Je continue sur ma lancée d’études sur les pratiques entomologiques en 2022, tout en donnant mon point de vue en fonction de mes expériences personnelles. 

Après mon enquête, (n=20), 50% des personnes interrogées utilisaient une des substances cancérigènes dont nous avons parlé le mois dernier. Aujourd’hui, 50% n’utilisent (plus) rien, 30% du thymol, les 20% restant ont des recettes sur mesure.

Tous les produits anciens dont nous avons parlé le mois dernier sont à oublier. Et vite. Car outre le danger qu’ils représentent pour le collectionneur, c’est aussi les conservateurs de musée qui sont concernés par la suite.

ALORS, ON FAIT QUOI ?

Bonne question. Mais tout d’abord j’aimerai revenir sur un point qui me semble essentiel : il y a confusion depuis le XIXe entre les produits qui tuent les insectes ravageurs, et les produits qui masquent l’odeur des insectes séchés de collection aux insectes ravageurs. Ce qui est subtilement mais fondamentalement différent. De fait, on constate dans les ouvrages anciens des bagarres entre spécialistes se crêpant le filet pour savoir qui a le produit le plus efficace et celui qui laisse passer toutes les bestioles. De fait, je constate chez Coupin (1895) l’utilisation de liquides à base de plantes qui sont dits  “peu insecticides”. Depuiset (1877) cite le camphre et l’essence de serpolet comme “tout à fait inefficaces » et préfère l’arsenic. Fichtre. On voit bien ici que les substances odorantes sensées couvrir l’odeur de la collection sont considérées comme inefficaces à tuer les Dermestidae. Mais était-ce l’objectif ? Comme le marketing le sait si bien, nous attirons le chaland en fonction de ses besoins. Et si les Dermestidae ne détectent pas la collection, ils ne viendront pas.

Restent les autres.

D’ailleurs, quelles sont ces “bestioles”? Des Anthrènes, et la famille des Dermestidae, mais aussi souvent des psoques. La liste peut être longue, et nous retrouvons sur le site des insectes du patrimoine (http://insectes-nuisibles.cicrp.fr/fr/les-insectes-de-a-a-z/liposcelis-corrodens-heymons-1909-et-liposcelis-decolor-pearman-1925) 33 espèces se nourrissant de chitine composant nos insectes en collection. Il serait bon de se pencher sur cette liste, car chaque espèce doit avoir ses faiblesses. Mais c’est terriblement long. Et puis les plantes et les industriels produisant des insecticides se sont déjà penchés sur la question ! Sauf que souvent, les solutions industrielles ne sont pas recommandées pour la santé.

ON TUE OU ON ÉLOIGNE ?

Je serai personnellement pour un temps de paix et d’utilisation dans un premier temps des produits masquant l’odeur alléchante des insectes séchés. Les huiles essentielles me semblent une piste intéressante car travaillée depuis des milliers d’années par les plantes pour repousser les insectes un peu trop gourmands. Je vais entamer une série de tests et vous tiens au courant. Et pour les collections les moins utilisées comme dans les musées, une barrière physique avec un sac est pour ma part importante. Terminée l’angoisse de l’invasion de Dermestidae. Quand une boîte est consultée, on la sort, on la consulte, on remet le sac, un cycle de congélation et c’est terminé.

En cas d’attaque, il sera nécessaire d’agir, mais le congélateur est alors une défense tout à fait acceptable, très efficace et non cancérigène. Il faut juste négocier de la place ou un congélateur pour les collections. Je ferai prochainement un article sur les bons gestes pour une congélation efficace.

Spécimen de Lépidoptère de 1927 couvert de cristaux de naphtaline. La naphtaline se sublime dans la boite, puis se recristallise sur certains spécimens.

Fiole dite Sauvinet (c’est Mr Sauvinet qui l’a déposée). Il suffit de verser du liquide dedans pour qu’il ne se renverse jamais. Pratique, non? Mais inlavable aussi…et réceptacle blanc « modèle déposé » aussi. Peut-être pour y déposer du coton imbibé?

Petit tube en verre contenant du coton anciennement imbibé.

Février 2022

Les conservateurs historiques en entomologie

10 substances dangereuses autrefois utilisées en entomologie pour éloigner les insectes ravageurs.

Attention, tous les produits ici cités sont interdits et surtout dangereux. Ne les utilisez plus ! Il ne s’agit pas non plus d’une liste exhaustive.

Vous commencez à me connaître, j’aime les vieilles collections et tous les mystères de préparation et de conservation qu’elles conservent. La conservation des collections d’insectes concerne de nombreux biocides utilisés dans le but d’éloigner les insectes ravageurs. Il est important de les connaître car ils peuvent être dangereux pour l’humain et avoir  ou avoir eu un impact sur la conservation des collections et l’état des spécimens. 

On commence par la naphtaline qui sera utilisée dans les collections d’entomologie à partir de 1880. C’est une substance qui se volatilise lentement. Elle est souvent déposée dans la boîte : soit directement en poudre, soit emballée dans un petit sac ou un petit linge, et calée dans le coin de la boîte. Outre le fait que certains entomologistes remettent en question son efficacité sur les Dermestidae, la naphtaline recristallise dans les boites sur les vitres et les insectes, et ce n’est pas joli du tout à voir… La naphtaline est considérée aujourd’hui comme cancérigène, fiche de sécurité de l’INRS https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_204

Dans le même style, le paradicholorobenzène. Présent sous forme de boules ou pastilles, depuis 1913, il se sublime à température ambiante. Ces boules ou pastilles sont bloquées dans un morceau de tissu, ou bloqués entre deux ou trois aiguilles. 

Essence de mirbane, quel joli nom ! Ou autrement appelé Nitrobenzène, horreur et désespoir, quel vilain mot ! Utilisée depuis longtemps en entomologie, elle est tout aussi toxique que le reste… Adorée des entomologistes début XXe, et versée dans les jolies fioles Sauvinet, elle est maintenant partiellement bannie des collectionneurs privés. Particulièrement parce qu’elle a la réputation de jaunir les Lépidoptères.

https://www.inrs.fr/publications/bdd/doc/solvant.html?refINRS=SOLVANT_98-95-3  

La créosote de hêtre. Attention, le nom de créosote peut évoquer différentes substances. La créosote utilisée en entomologie est un composé extrait de la résine des feuilles de hêtres. Il ne faut donc pas confondre la créosote de hêtre (woodcreosote, beechwood creosote) obtenue par extraction et la créosote de houille (coal tar creosote), dérivée du pétrole, obtenue par combustion et utilisé sur les traverses de chemin de fer par exemple. Elle est notée dans l’ouvrage de Culot, Guide du Lépidoptériste publié en 1916 : « Ici je recommande expressément de n’employer que la créosote de hêtre et de ne se laisser en aucun façon tenter par le prix beaucoup moins élevé de la créosote houille. La créosote de houille altère les couleurs des papillons. » . Elle était versée aussi dans des fioles Sauvinet. La créosote de hêtre étant composée principalement de composés phénolique, elle est considérée comme cancérigène. https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_15

L’essence de serpolet est utilisée aussi à titre préventif. Le serpolet, Thymus serpyllum L.  est un voisin botanique du thym consommable. Il est toujours utilisé sous différentes formes en aromathérapie. On retrouve son utilisation dans la conservation des collections, par exemple dans « l’amateur d’insectes » de Montillot (1890). De nombreux auteurs cependant notent son inefficacité. Il en est de même pour la lavande qui est jugée inefficace. 

L’acide phénique est utilisé sur un coton dans le coin de la boîte. Certains auteurs ont une recette permettant de limiter les moisissures : un gramme d’acide phénique et quinze gramme d’éther ou d alcool rectifié. Coupin (1895) considère qu’il s’agit d’un produit très efficace,  bien qu’il tâche le papier. Il est comme la créosote composés de composés phénoliques, cancérigènes https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_15

Le produit peut aussi être intégré directement à la boîte : le blanc de Céruse (carbonate de plomb) en pâte préparée à l’huile et délayé avec de l’essence de térébenthine assez pour qu’il soit coulant, et peut être peint à l’intérieur des boîtes. Un papier blanc le recouvre (Depuiset, 1884). Ils y ajoutent parfois… de l’arsenic et du camphre. Huuuummm… attention donc aux boites peintes en blanc !

Lindane. Encore un joli nom qui cache de bien mauvais effets sur notre santé! Utilisé depuis 1912, le lindane peut se présenter de différentes façons: soit il a été déposé sous forme de cristaux dans le fond des boites, ou de poudre. Soit il a été badigeonné  sur les parois des boites. Quoiqu’il en soit, si vous voyez des traces de produit au pinceau dans une boite : on ne touche pas ! Et si vous observez une poudre dans le fond d’une vieille boite, ne l’ouvrez pas, regardez au travers de la vitre, ou faites comme moi, mettez un masque adapté sur le nez. Fiche toxique ici.

https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_81

Pour terminer, citons un préservatif dont nous ne connaissons rien, mais annoncé dans l’Histoire Naturelle de Lépidoptères et Lucas (non daté). Il s’agit du préservatif Lefèbvre, vendu à l’époque Quai Malaquai n°19 à Paris. Si quelqu’un à une piste, je suis preneuse…

 Pour conclure, nous dirons que le traitement des boîtes contre les insectes ravageurs dans un but préventif peut être effectué par diffusion d’une substance qui s’évapore. Elles sont généralement contenues dans des boîtes en carton, fioles en verre ou récipients en zinc, ou plus simplement appliquées sur un coton ou une éponge piqué dans le coin de la boîte entomologique. Le traitement peut aussi faire partie de la boîte, avec une peinture au blanc de céruse qui éloigne les ravageurs.

L’utilisation de tels biocides peut avoir endommagé une partie du matériel visible, comme une partie des couleurs, et avoir dégradé une partie des informations génétiques. D’autres recherches sont nécessaires afin de définir si oui ou non ces substances dégradent l’ADN.

Fournir si possible une liste informatisée des collections, la plus détaillée possible, mais une liste de boites c’est déjà bien ! Allez voir ma fiche « Comment faire un inventaire« 

Photo du Muséum Australie. Depuis les restrictions de déplacement liées au Covid, l’entreprise qui numérise les données a enregistré un bon de plus de deux millions d’informations ! Bonne idée, des particuliers peuvent contribuer au projet.

Le Padil en Australie répertorie les espèces problématiques pour les cultures et la stabilité des écosystèmes australiens. Ils possèdent une superbe collection de scolytes, renseignés et photographiés pour permettre à n’importe qui de mieux les identifier !

Janvier 2022

Organiser sa collection : l’inventaire

Que vous soyez collectionneur, ou conservateur de collection, cet article est pour vous !

Si nous conservons à un niveau patrimonial (dans les musées) des collections, c’est pour deux grandes raisons: la première, conserver une part d’histoire de l’humanité. Une collection du XVIIe siècle ou un vieux Lépidoptère soigneusement séché entre deux pages seront toujours les bienvenus dans un musée. Mais ce n’est pas d’eux que je veux parler aujourd’hui. 

La seconde raison, souvent oubliée malheureusement, ce sont les données scientifiques. Ces informations de lieu, de date de récolte d’une plante, d’un animal ou d’un minéral sont des informations scientifiques qui nous permettent de comprendre notre environnement, de l’analyser, de revenir dessus comme dans des livres pour y piocher des informations. 

Une collection d’insectes est une bibliothèque d’informations où l’on vient régulièrement soit relire quelques lignes, soit découvrir un nouvel ouvrage que nous n’avions pas remarqué auparavant.

Maintenant, imaginons la bibliothèque nationale… avec des livres non référencés, et tous mélangés. Impossible de retrouver LA référence que vous cherchiez. Et bien c’est exactement pareil pour une collection… d’insectes pour notre cas. Si vous êtes un collectionneur, personne ne voudra de votre bibliothèque en bazar. Si vous êtes conservateur, ce n’est pas parce qu’une bibliothèque est en bazar qu’elle ne contient pas d’incunable…

Je n’ai rien inventé, pour résoudre ces petits problèmes… ON RANGE, ON CLASSE, ON INVENTORIE ! Oui mais comment? 

Avec méthode ! Si vous êtes collectionneur et que vous étalez des insectes, vous êtes méthodique, et si vous êtes conservateur, vous êtes nécessairement méthodique. Alors plus d’excuse de temps, de méthode, on file sauver le patrimoine ! J’ai décomposé en plusieurs étapes ma méthode. Il en existe d’autres plus spécifiques, plus pointues (Voir ici McGinley, 1993). La mienne est adaptée selon ma connaissance de l’état des collections françaises d’insectes en général. 

  • Niveau 1 : faire une liste manuelle des collections, le nom des collectionneurs, le nombre de boites, les Ordres présents dedans, la localisation des boites, et l’attribution d’un numéro à chaque boite. Ce niveau est atteignable par tout le monde.
  • Niveau 2 : Passer cette liste manuelle à une liste informatique avec une photo de la boite. Encore une fois, pas besoin d’être entomologiste.
  • Niveau 3 : avoir passé le niveau 2 avec brio, et y ajouter un dossier d’oeuvre. QUID? Le Ministère de la Culture nous indique ceci : “Le premier objectif du dossier d’œuvre est de rassembler au même endroit les informations les plus fiables et pertinentes sur une œuvre (…) que celles-ci soient administratives, scientifiques, techniques ou matérielles. C’est la véritable mémoire de l’histoire de l’œuvre ». Nous ne nous attarderons pas à développer le fait qu’une collection d’insectes est un œuvre, c’est de fait, une collection, voire une collection patrimoniale. Il s’agit donc de renseigner sur une fiche l’identité et la description de la collection. Bien entendu, l’histoire, le contexte de sa création, l’histoire des interventions de conservation, ainsi que que la littérature liée à la collection. A minima.
  • Niveau 4: avoir passé le niveau 3, et y ajouter un tableur avec la liste des spécimens, dont chaque étiquette est soigneusement lue et les informations qu’elle contient sont référencées dans une colonne spécifique. Oui, c’est beaucoup de travail. Comparé au travail réalisé sur des œuvres d’art par exemple, ce n’est pas si différent. De nombreux musées dans le monde ont terminé cet exercice, ou sont en cours de réalisation. Le muséum de d’Australie est en cours, ainsi que celui de Berlin, de Londres

Regardez comme c’est facile de travailler sur les Scolytes ici

Conclusion : On commence par faire la liste manuelle, la liste informatisée, les photos, parce que pas besoin d’être entomologiste pour le faire ni de matériel spécifique. Et quand notre cher Ministère de la culture aura compris qu’il  (existe des collections scientifiques) et  qu’il est temps d’agir pour la protection de l’environnement en passant par sa compréhension… on pourra faire ceci. A bon entendeur !

Parfois, l’arrivée au Musée ne se fait pas toujours dans les règles de l’art, mais les boites sont bien arrivées, passées sous atmosphère modifiée pour les désinfecter… et rangées !

Fournir si possible une liste informatisée des collections, la plus détaillée possible, mais une liste de boites c’est déjà bien ! Allez voir ma fiche « Comment faire un inventaire« 

Récupération en urgence de la collection de Mr. Y.

DONNER SA COLLECTION

Décembre 2021

En ce mois de cadeaux, je souhaiterai aborder le don de sa collection.

PAS DE POUBELLE POUR LES COLLECTIONS !

Au cours des dernières années d’Actias, et même bien avant, j’ai pu constater de nombreuses collections passant d’un propriétaire à l’autre, ou d’un propriétaire à… une poubelle. Et oui, une collection d’histoire naturelle, d’entomologie de surcroît, quand la famille en hérite, ça lui prend de la place, il faut s’ en occuper, c’est compliqué… bref.

DONNEZ ! SECURISEZ !

Elles finissent très souvent par être données ou jetées. Pire: mises au grenier ou dans le garage. Et croyez moi, ce n’est pas que la famille ou les amis entomologistes n’aime pas le collectionneur, mais c’est vrai que quand on n’en fait rien…

Bref, si l’on souhaite que sa collection nous survive, il est INDISPENSABLE de s’y prendre de son vivant et de sécuriser le don. Que ce soit à un collègue, un ami, une école ou une institution muséale. Ce n’est pas toujours drôle, mais quand on se marie, on signe un testament, c’est pareil pour sa collection, car quand on est mort, c’est bien trop tard pour prendre des décisions. 

ÇA N’ARRIVE PAS QU’AUX AUTRES !

Et j’ai plusieurs exemples à vous donner, Mr. X, a collectionné toute sa vie des papillons exotiques (protégés…, hum… passons). Il a ses contacts sur place, il reçoit ses spécimens, sa collection est du coup unique. Tout le monde la connait.  Il est âgé, sous tutelle. Il témoigne auprès d’une institution et d’associations qu’il souhaite que sa collection aille dans un musée. Mais il ne veut pas s’en séparer de son vivant. Mais lorsqu’il décède, un membre éloigné de la famille hérite de l’ensemble et met le tout aux enchères. De son vivant, il avait le droit de donner sa collection, qui aurait été emmenée en musée. Après sa mort, il n’est plus décisionnaire. Même s’ il a écrit ses volontés. 

Mr Y, passionné d’entomologie dans une spécialité peu commune, travaille le soir et ses week end avec sa famille et ses collègues entomologistes associatifs. Il prépare une très belle collection. Lors de son décès, la collection est conservée. Mais la maison est bientôt vendue et la collection termine dans le garage de Mamie. Autant la considérer comme sacrifiée. Pour connaitre son histoire, vous pouvez écouter ce Podcast enregistré par Mandibules.

Dernier, Mr. Z, fabricant de matériel entomologique, collectionneur reconnu, entomologiste de terrain chevronné, déclaré, décède. La collection reste dans son bureau, plus chauffé, car “vide”. La collection moisi. Elle est devenue presque irrécupérable. Pourtant, nombreux sont ceux qui auraient pu la reprendre, en théorie.

Au-delà d’histoires tristes, ce sont aussi des drames scientifiques. D’excellentes collections contenant des animaux morts pour la science sont jetés à la poubelle. Et c’est autant de données scientifiques et d’informations sur la notre connaissance des milieux sont perdues.

Alors, décidez et verrouillez votre don DE VOTRE VIVANT!

Epingles pour faire sécher les insectes. Acier et verre.

Epingles dites « camion » pour tenir les étiquettes.

Les minuties sont les épingles les plus petites pour de très petits spécimens.

Vieilles épingles encore en cours d’identification. Carlsbad? Merci à Bruno Lambert et Alain Rouch !

Novembre 2021

Les différents types d’épingles en entomologie.

De prime abord, je distingue quatre types d’épingles utilisées en entomologie pour différents objectifs: pour tenir les insectes pendant leur séchage, pour piquer les insectes, pour tenir les étiquettes sans insecte.

En ce qui concerne les épingles pour tenir les insectes pendant le séchage, peu importe, même celles de couture iront très bien, du moment qu’elles sont propres, désinfectées et en bon état. Je précise: propres car il est facile de transporter des larves, oeufs ou spores de boite à boite avec des épingles. Un petit nettoyage à l’alcool à 70° sera parfait. Elles sont souvent choisies avec des têtes en verre. Attention cependant aux anciennes têtes en verre, car si elles se cassent, c’est double peine: verre et épingle dans le doigt. Aïe.

En ce qui concerne les épingles dites “camions”, qui sont faites pour fixer les étiquettes sans insectes, on les trouve souvent en acier galvanisé. Si elles sont garantes des informations scientifiques et ont leur importance, mis à part la rouille si les conditions de conservation ne sont pas respectées, elles ne risquent rien et sont facilement changeables. 

Si vous débarquez (bienvenue!), pour connaître les bonnes conditions de conservation des boîtes d’entomologie, c’est par ici.

Les minuties. Ce sont des épingles très fines, sans tête. Cela permet de les rendre plus discrètes et beaucoup plus fines. Il en existe plusieurs tailles de différentes épaisseurs. Souvent utilisées pour fixer un tout petit spécimen très fin, ou faire un double montage, ou un morceau coupé, ou un récipient avec des édéages. Elles sont en général fabriquées en Inox. Du moins, je le recommande fortement.

Là où l’histoire se complique, c’est à propos des épingles qui traversent les insectes. Car pour le coup, si l’épingle se dégrade, c’est dangereux pour le spécimen et donc la donnée scientifique.

Elles sont composées d’une tête, pour les anciennes épingles dans le même matériaux que l’épingle, pour les plus récentes, en résine époxy.

Comment sont fabriquées ces épingles entomologiques? Et bien à la main! Pour beaucoup de fabricants que j’ai pu contacter en tout cas. Ce qui explique parfois le prix… et la zone de fabrication! La plupart des épingles trouvées sur le territoire français proviennent d’Europe de l’est. Tout comme d’autres accessoires que nous verrons plus tard.

La plupart des collectionneurs utilisent des épingles en inox. D’autres préfèrent les épingles noires (plus élégantes c’est vrai!), fabriquées en acier recouvertes d’un vernis anticorrosif.  Pour avoir vu les épingles noires dans certaines collections, je ne les recommande pas pour des collections patrimoniales, car le vernis anticorrosif joue bien son rôle, mais il y a la moindre rayure, l’épingle rouille.

A l’observation sous loupe x40, on se rend compte que le métal est “enroulé” sur lui-même. 

Alors, oui c’est plus cher, mais l’inox est définitivement un meilleur choix.

Aujourd’hui, je travaille avec des partenaires que je révélerai plus tard sur la composition des épingles en inox. Car oui, l’histoire ne s’arrête pas juste à “trouver des épingles en inox”, il existe plusieurs qualités d’inox…

Affaire à suivre!

 

Merci aux entomologistes et amis pour leur participation à la récolte d’épingles entomologiques 🙂

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Petit tas de poussière caractéristique d’une infestation entomologique.

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Anthrène, adulte. Photos André Lequet.

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Papillon ayant « graissé » : les lipides contenus dans le papillon ressortent et se cristallisent sur le spécimen. Nous en reparlerons!

Octobre 2021

Comment rangez-vous vos boites d’insectes?

A l’horizontale ou à la verticale les boîtes d’insectes? Mettez-vous votre barbe sur ou sous la couverture? Voilà bien des questions qui donnent du fil à retordre! Je ne suis pas compétente pour la barbe… Mais pour les boîtes entomologiques, oui!

Souvent, par gain de place, d’argent, facilité de rangement, les boîtes sont placées à la verticale. 

Historiquement, on trouve plus souvent des meubles avec des tiroirs-boites, à l’ horizontale donc. Alors, effet chic pour une consultation ou une démonstration, ou logique de conservation? 

Les deux mon capitaine! 

 

Plus simple de tirer le tiroir de la bonne Famille pour consulter les spécimens, sans avoir à soulever, poser la boîte quelque part. Plus chic certainement, car on peut montrer plus facilement sa superbe collection, et un beau meuble ça en jette. Certes. Mais aussi méthode de conservation, car un insecte attaqué par des ravageurs, perd de la poussière. Et quand la boite est à l’ horizontale, on détecte très facilement le spécimen problématique, qui possède un petit tas de poussière juste dessous. Avec une boîte à la verticale, la poussière tombe dans le fond, impossible de localiser le problème. 

 

On voit mieux les spécimens de façon générale, et donc on détecte mieux les éventuelles moisissures, début de graissage ou autre problème.

Chaque insecte a soit une épingle dans le corps, soit une épingle dans un paillette. Avec une boîte placée à la verticale, la gravité va faire pencher les insectes, et donc au cours au temps, tordre l’épingle. A l’horizontale, au pire, l’insecte glisse le long de l’épingle.

Bref, chacun fait comme il peut, mais les boîtes à l’horizontale, c’est mieux. 

Pour les conseils sur le positionnement des boîtes d’entomologie, c’est par ici.

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Boite de vulgarisation avec compartiments pour catégoriser.

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Anthrènes, adulte en haut et larve en bas. On trouve aussi souvent les mues dans les collections. Photos avec l’autorisation d’André Lequet.

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Boite avec réflecteur pour voir l’envers des papillons.  H. Coupin 1895 « L’amateur de papillons ».

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Coupe transversale de la boite à double gorge. H. Coupin 1895 « L’amateur de papillons ».

Septembre 2021

4 astuces pour bien choisir ses boîtes en entomologie.

C’est LE sujet à bien réfléchir quand on possède une collection, que l’on soit collectionneur ou gestionnaire.

La « carapace » des insectes est faite de chitine, qui, une fois séchée peut subir différents problèmes mécaniques ou être détruite par différents éléments biologiques comme des insectes ou des champignons. 

 

LA COMPOSITION DES MATÉRIAUX DE LA BOÎTE

Pour les problèmes mécaniques tels que la casse, le déchirement, les insectes sont protégés avec la boite en bois, à condition que : le dessus en verre soit bien accroché et étanche, que le dessous de la boite soit robuste, on retrouve trop souvent une feuille de carton fine. Il faut du solide, ça peut être du carton, mais résistant et pas trop épais pour ne pas garder l’humidité. Au XIXᵉ siècle, ils appelaient cela un « carton liégé ». Privilégiez un fond de boite en émalène (plastazote, sorte de plaque de plastique parfaite pour piquer les épingles), normalement neutre assez épais (45mm minimum), surtout si les insectes sont lourds. Favorisez quand c’est possible des matériaux sains qui ne dégagent pas de substances nocives pour vous, ou pour la collection.

 

L’ÉTANCHÉITÉ DE LA BOÎTE

Pour les problèmes d’infestations biologiques, une fois les conditions de conservation préventives respectées : absence de poussière, une humidité relative entre 40 et 50 % plus ou moins 2 % par jour et une température à 18 °C avec plus ou moins 5 °C par jour, absence de développement de moisissures. Il reste l’éventualité des attaques chitinophages : il s’agit des insectes décomposeurs qui vont aller manger les insectes en collection comme les Anthrènes. Attirés par l’odeur des insectes séchés, ils vont chercher à les atteindre. La boite est donc là pour créer une barrière. Elle doit donc être la plus étanche possible. 

Pour en savoir plus sur la conservation des boîtes d’entomologie, c’est par ici.

 

TESTER LE MATÉRIEL

Le test pour savoir si une boîte ferme bien : primo, elle ne doit pas s’ouvrir avec une seule main. Secondo, mettez un morceau de papier de 5 cm x 5 cm dedans, fermez. À l’ouverture, il doit y avoir un petit appel d’air à l’intérieur qui fait bouger le papier, et un petit bruit de succion. Évidemment, quelle que soit la fermeture, il n’y aura pas de poussière dedans, mais il faut penser aux larves d’Anthrènes qui mesurent quelques millimètres et peuvent se faufiler dans de très petits espaces. 

 

COMMENT FAISAIT-ON AVANT ?

Historiquement et de façon plus anecdotique, il existe en France des boîtes plus complexes, en général fabriquées pour la vulgarisation. On y ajoute des « cadres réflecteurs » : le fond de la boîte est tapissé d’un miroir, de façon à ce que l’on puisse voir l’envers du papillon sans avoir besoin d’ouvrir la boîte et de dépiquer l’insecte. De façon tout aussi rare, il est possible de voir des boîtes à double verre : elle est translucide des deux côtés. 

Au début XXᵉ, l’idéal étaient les boîtes « à double gorge », avec une fermeture doublée (en photo ci-contre) et couverte de velours, facilitant la fermeture, beaucoup plus étanche. Ce type de boîte est cité comme modèle déposé en 1876 par Héron-Royer, fabricant à Paris. Aujourd’hui, elles ne se font plus. Mais il existe de nombreux fabricants en Europe de bonnes boites de qualité, de nombreux formats différents et de types divers et variés!

 

Ne lésinez pas sur le prix, la survie de vos collections en dépend. 

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